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Le Château de Gruissan

Avec les vestiges des villas romaines et les dessins de l’homme préhistorique dans la Grotte de la Crouzade, la vie gruissanaise se perd dans la nuit des temps.

PENDANT DES SIÈCLES, UN VILLAGE « CHERCHAIT À NAÎTRE » PRÈS DES ÉTANGS OU DES TERROIRS.
SUR L’ÎLE SAINT MARTIN, DES VESTIGES DE VILLAS, ÉGLISE ET MÊME CIMETIÈRE ATTESTERAIENT DE LA PRÉSENCE D’UN GROUPEMENT HUMAIN.

LE CHÂTEAU

Le rocher du Château

Pendant le premier millénaire, le rocher de la Tour émergeant du delta de l’Aude était, face à la mer, la sentinelle vigilante de la navigation du port narbonnais.
En 1084, le Château existe mais l’îlot aux pentes abruptes, entouré d’eaux profondes, battu par les vents, était très inhospitalier.
Toutefois, des cabanes de pêcheurs au « service du Château » occupaient la pente sud.

Les premières fortifications

Peu à peu, le Château est fortifié et l’îlot devient une place forte dans et autour de laquelle se regroupaient les habitants fuyant l’insécurité des campagnes et les incursions Barbaresques.
Le Château constitue un magnifique belvédère (construit sur une « éminence », lieu dégagé d’où la vue s’étend au loin) d’où l’on découvre les alentours de Gruissan à 35 mètres d’altitude.
Cette forteresse militaire construite au Xème et XIème siècle était vouée à la surveillance côtière et assurait la protection du village dans les périodes troublées.
(A la base de la tour, la citerne de 58 m³ était couverte d’une voûte en berceau aujourd’hui disparue).

La construction

Les murs sont enduits d’une texture fine arrondissant les angles et à l’endroit où ils sont érodés se situent des ouvertures permettant de recueillir l’eau acheminée par des tuyaux.
La rigole, aménagée dans une pierre taillée pour l’écoulement de l’eau, a 2 fonctions : récupérer l’eau de pluie et déverser le trop plein pour garder un niveau constant).
La présence d’ouverture et d’une voûte permet de penser qu’il s’agit d’une casemate (abri enterré servant de protection contre les tirs). Avec l’architecture militaire du Moyen Âge, le développement de l’artillerie accroît l’épaisseur des murs. Donc les embrasures intérieures ne débouchent plus à l’air libre, mais sur un local fermé construit dans la masse du rempart.
La casemate protège les servants (artilleurs) contre les coups indirects, mais ses petites ouvertures sont envahies par les gaz dégagés par les canons et autres armes. Les conduits d’aération débouchent sur les parties hautes et forment avec les embrasures un système de tirage fonctionnant comme une cheminée.
L’imagination populaire a fait de toutes les salles basses des tours, des « oubliettes », surtout quand elles ne sont accessibles que par un oculus (petite baie à tracé circulaire) placé dans la voûte.
Mais en règle générale, ces salles ne servent que de réserves à vivre. Elles ne sont accessibles que par une petite cavité où seul l’homme peut entrer.
En effet, contrairement à la légende, les hommes du Moyen Âge ne cherchent pas à oublier leurs prisonniers, souvent source de revenus. Ils les placent dans des endroits accessibles, de manière à pouvoir les surveiller facilement et à leur assurer un minimum vital.

La Tour

Au centre du Château, la tour prison offre une situation d’observation idéale. La seule issue de l’ouvrage permet un contrôle facile des prisonniers et rend toute évasion difficile pour ne pas dire impossible.
En effet, si par chance, l’évadé réussit à sortir de sa geôle, il est immédiatement exposé à la vue des gardes et n’a aucune chance d’escalader les murs d’enceinte du château sans être vu.

La démolition

La démolition de la forteresse fut probablement décidée par Louis XIII en 1632.
L’édifice a servi de carrière. Ses pierres ont été réutilisées pour la construction de quelques maisons du village et de la cathédrale Saint-Just de Narbonne. 30 ans plus tard, l’Archevêque François Fouquet utilisera les plus belles pierres _ pour construire au pied du rocher l’église paroissiale (Notre Dame de l’Assomption).

La mise en valeur du Château

En 2007, soucieuse du patrimoine historique communal, la municipalité a souhaité mettre en œuvre une opération de restauration et de mise en valeur du site du Château. Le projet réalisé répond à trois objectifs :

  • La sécurisation des vestiges
  • L’amélioration de la sécurité et l’éclairage
  • La mise en valeur des vestiges et du site

LA TOUR BARBEROUSSE

Le nom « Barberousse » est un qualificatif populaire sans origine précise.

Il est toujours associé à la Tour qui domine le village et son étymologie est toujours très incertaine.
La seule chose sûre est l’origine de sa construction.
Après 1632, le Château est démantelé mais le village reste et s’étend sur les terres qui émergent.
Seule la « nouvelle tour du Château » construite en 1247 par Guillaume de Broa défie toujours les siècles.

Barberousse

L’origine la plus crédible est liée à Khizir Khayr ad-Dîn Barbe Rousse. Maître de la flotte Ottomane qui, au XVème siècle, symbolisait la piraterie, et dont le nom inspirait l’effroi à tout ce qui flottait en mer et jusqu’aux ports soumis à ses incursions.
Mais en ce temps là, Gruissan est une proie bien trop misérable pour intéresser ce requin de grand large aux yeux vifs comme l’éclair, au nez aquilin, au teint basané et à la barbe rousse.
Reste un autre Barberousse comme père éponyme (qui donne son nom) de cette noble ruine, il s’agit de Gaspard Dot dit « Barberoussette » ou « Barberousse » dont l’activité fluctuant entre corsaire et pirate se déroulait dans le Golfe du Lion.

Arrivé jusque sur les rivages de la plage de la Vieille Nouvelle (Nova Vela « nouez les voiles », terme utilisé par les navigateurs franchissant le grau, l’expression « La Nouvelle » est liée aux changements intervenus sur la route suivie par les navires « navilia, navis, naus »signifie navire déformé pour devenir « Nouvelle »), il n’est pas impossible que l’un de ses exploits ait pu impressionner la population gruissanaise jusqu’à en imprégner définitivement la pierre.

Ce nom de Barberousse est maintenant légitimé par un usage déjà ancien et reste à jamais lié à l’image et l’histoire du village. Néanmoins, seule la connotation de piraterie reste gravée dans les mémoires.