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du 28/08 au 28/08/2025

Evénement cinéma

Avant-première « L’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme »,
un film de Pierre Richard

Le Cinéma Pierre Richard de Gruissan accueille Pierre Richard
pour la présentation de son dernier Film « l’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme »

le JEUDI 28 Août 2025
au Cinéma Pierre Richard de Gruissan (avenue de la douane)

Pour 2 séances exclusivement sur réservation à 19h & 21h30

JE RESERVE

Pierre Richard sera présent pour la présentation du film lors des deux séances.
Vous pourrez également déguster les vins de son domaine viticole « Le Domaine Bel Evêque » dans le hall du cinéma.

LE FILM

L’HOMME QUI A VU L’OURS QUI A VU L’HOMME

Un film de Pierre Richard
Durée : 1h28
Distribution : ARP Sélection
Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2025
Avec Pierre Richard, Timi-Joy Marbot, Gustave Kervern

Synopsis :

Grégoire et Michel ne sont pas de la même génération mais ils sont unis par l’amitié, l’amour de la nature et une grande affection pour un ours échappé d’un cirque.

ENTRETIEN AVEC PIERRE RICHARD

Pourquoi avoir soudain eu l’envie de réaliser un film, alors que vous n’en n’aviez réalisé aucun depuis 1997 ?

Parce que je n’avais rien à raconter avant ce film.
Mais voilà plus de 40 ans que je passe mon temps dans un village du sud, Gruissan, et que je fréquente
les gens de là-bas, des vrais personnages !
Le boucher, fou de Johnny Hallyday, qui m’amène dans sa chambre froide pour écouter tranquillement son idole, les yeux mi-clos comme on écoute du Mozart.
Mon garagiste, ex-voleur de voiture, ancien perceur de coffres-forts, et là, c’est moi qu’il adulait, au point de ne jamais me faire payer mes réparations de voiture. Je le payais en whiskies qu’il avalait comme du jus de pomme.
Le patron du restaurant où je vais, lui, ce sont les côtes d’agneau qu’il ingurgitait par douzaines en chantant du Caruso à pleine voix !
Ce sont ces gens-là qui m’ont inspiré mon film.

Et l’ours ?

L’ours aussi, c’est une idée inspirée de la vraie histoire d’un ours qui s’est échappé du zoo de
Sigean, à 30 km de chez moi. Il a dû passer d’étang en étang et il s’est retrouvé chez moi. Et moi, j’étais en Sibérie. Je rentre dans ma chambre d’hôtel, j’allume France 24 et je vois un jeune homme qui dit à la gendarmerie : « Oui, j’ai vu un ours là ».
La caméra panote et je reconnais mon terrain, avec ces petits étangs. Ils ont mis une dizaine de jours à l’attraper. Il s’était caché dans une grotte… Donc ces histoires, je les racontais et je faisais rire tout le monde avec ça. Et il y a deux, trois ans, je me suis mis à les écrire. J’aurais pu en faire un livre, mais je ne pensais pas à un film parce que ce n’est pas suffisant de raconter des histoires drolatiques sur des personnages drolatiques. J’en ai parlé à une amie, Anne-Sophie Rivière, et je lui ai dit, comme le disait Francis Veber quand il écrivait un scénario : « Je n’ai pas
encore trouvé l’âme du violon ». C’est elle qui l’a trouvée cette âme, le ressort dramatique qui sous-tend l’ensemble et le justifie : elle m’a parlé du syndrome d’Asperger. Et nous avons imaginé et écrit ensemble le personnage de Michel, autiste Asperger, particulièrement intelligent, doté d’une mémoire phénoménale, très sensible et touchant.
Toutes ces particularités qui font que mon personnage, Grégoire, s’est attaché à lui.
Ils sont en fait les personnages principaux du film…(avec l’ours !)

Dans vos précédents films en tant que réalisateur, vous avez toujours eu un regard assez critique sur la société. Vous avez évoqué la publicité, les ventes d’armes. Cette fois, c’est la nature…

Oui j’adore être indigné, c’est mon ressort principal… J’aime râler !
La publicité m’énerve, les jeux télévisés à la con m’agacent, la vente des armes me révolte. J’ai traité ces sujets à ma manière : le burlesque.

Cette fois, c’est plus en douceur, mais tout aussi tenace : le désastre écologique qui nous menace.
Et principalement un sujet qui me consterne : l’éradication de la forêt amazonienne. Et les conséquences désastreuses qui s’ensuivent !
Et pas que pour les autochtones qui y vivent ! On paiera tous la note tôt ou tard.

Et puis quand même j’ai semé par-ci par-là quelques séquences burlesques qui illustrent mes rêveries contestataires.

On ne se refait pas …

Comment avez-vous trouvé Timi-Joy Marbot, qui joue Michel ?

La directrice de casting a rencontré beaucoup de monde, elle m’a présenté une dizaine d’acteurs, qui étaient tous très bien. Le dernier jour, Timi arrive, c’est vraiment le dernier qu’on a rencontré. Et tout de suite, c’était une évidence. Sur le tournage, il est arrivé avec ce débit de paroles atypique, son univers à lui. Il était parfait. D’ailleurs, je n’ai jamais eu à lui dire « On la refait ». Toutes les scènes qu’on a dû refaire, c’était toujours à cause de moi !
Quant à Gustave Kervern, qui joue le père de Michel, je l’avais rencontré sur « Et si on vivait tous ensemble ? » de Stéphane Robelin. Il est formidable. Son jeu n’est jamais caricatural. Lui aussi c’est un « vrai gens ».

Comment est venue l’idée de ce personnage de châtelain ?

Les châtelains, ça me connaît. J’ai vécu dans un château à un certain moment de ma vie.
Ma grand-mère paternelle n’a jamais connu le prix d’une vie, mais comment l’aurait-elle pu ?
Elle qui n’a jamais su le prix d’une baguette de pain. Mon grand-père était un homme droit, rigide, polytechnicien, qui faisait du cheval tous les matins avant d’aller à l’usine qu’il présidait, comme mon oncle, polytechnicien lui aussi.
Ça n’a pas raté : mon cousin, deux ans de moins que moi, a passé son bac avec deux ans d’avance, et il est entré à Polytechnique, comme de bien entendu, pendant que je redoublais mon bac, avec deux ans de retard.
Après avoir écrit sur le gravier face au château un énorme « Merde », je suis retourné à Paris retrouver ma famille d’émigrés italiens !
Et vive la Commedia Dell’Arte !

Comment avez-vous géré l’énergie du tournage ? Parce que le réalisateur c’est le premier debout, et le dernier couché… Et
en plus, vous jouez !

Mon ami Duthuron était à mes côtés pour m’aider, et me regarder aussi. Parce que quand tu joues, tu passes de l’objectif au subjectif. Il m’est arrivé, pendant que je jouais avec un comédien, de me dire : « Il est bien, là » et du coup, j’oubliais que moi aussi je devais jouer et être bien ! Pour l’équipe technique, je ne connaissais plus grand-monde (la plupart sont partis tourner là-haut…), à part Pierre Aïm, le chef opérateur, avec qui j’avais déjà tourné un film comme comédien. Pour les autres, je m’en suis remis à Frédéric, mon producteur.
Comme on tournait beaucoup en extérieur, le vrai chef d’orchestre, c’était la météo : à part quelques bourrasques, tempêtes et autres pluies diluviennes, le tournage s’est très bien passé, merci.

Vous avez changé la fin du film pendant le tournage ?

Toute une nuit sans dormir : les mânes de Jacques Rozier (avec qui j’ai eu la chance de tourner « Les Naufragés de l’île de la tortue ») se sont penchées sur mon lit : tu n’es pas obligé de tourner ce que tu as écrit, me dit-il. Ah bon ?!
Alors j’ai tout changé. Toute la fin du film ! Les dialogues, les décors, les situations. Même la musique !

Le lendemain, la feuille de service était bonne à jeter. Et quand on sait l’importance d’une feuille de service dans un tournage : c’est la bible.
Il fallait voir la tête du chef opérateur, de la première assistante, etc…

Mon producteur m’a suivi. Merci à lui. Christophe Duthuron m’a aidé, merci aussi.
Et merci à Jacques Rozier qui ne savait jamais ce qu’il allait tourner le lendemain, quitte à ne pas tourner du tout, le temps de trouver l’inspiration… et son stylo.

Tourner avec un ours, ce n’était pas compliqué ?

Au début du tournage, Jean-Philippe Roman, le maître de Shadow nous a prévenu : « Attention, il ne faut pas se mettre à moins de 10 mètres.»
Au bout de quelques jours, il nous a dit « Bon, maintenant, vous pouvez vous mettre à cinq mètres.» Un mois de plus et on pouvait aller dîner tous les trois au restaurant…! J’étais fasciné par la relation entre Jean-Philippe et son ours : parfois Shadow s’allongeait et Jean-Philippe se couchait à ses côtés avec la tête posée sur son ventre. À part ça il pèse 500 kilos, il mange 40 kilos de nourriture par jour et s’il se mettait à vous courir après, sachez qu’il fait du 50 km/h.

Comment est venu le titre ?

À la base, c’est une expression que j’ai détournée, et comme en plus j’avais un ours sous le coude, je me suis dit :« Ben voilà, je l’ai mon titre ».

Vous avez toujours été aimé du public, on l’a vu encore cette année à Cannes. En revanche, de la part de la critique, cela n’a pas toujours été le cas ?

C’est vrai, et j’en ai beaucoup souffert à une époque. Même au moment de « La Chèvre » qui marchait si fort, il y avait des critiques odieuses. Et
puis un jour, j’étais à Montréal, un copain me dit « Va acheter les Inrocks » et je découvre quatre pages sur moi, hyper gentilles, sur le thème : « On aimait Tati, Keaton, Chaplin, et on n’a pas compris qui était Pierre Richard ». Je n’en revenais pas.
Là-dessus, je rentre à Paris, et là, trois pages dans Télérama. Après il y a eu Les Cahiers du Cinéma.
Tout à coup, c’était parti. Je devenais persona grata alors qu’avant, j’en prenais plein la figure.
À Cannes, j’ai été très ému par l’accueil des photographes qui ont posé leurs appareils quand je suis arrivé, pour m’applaudir tous ensemble.
C’était spontané, chaleureux. L’amour des gens, c’est quelque chose.


Entretien réalisé par Michèle Halberstadt